Si l’on peut penser qu’elles sont suffisamment éloignées de la terre pour être à l’abri des menaces anthropogéniques (créées par l’homme), ce n’est malheureusement pas le cas. Les habitats pélagiques sont fréquentés par de nombreuses pêcheries ciblant des espèces à haute valeur commerciale telles que le thon et l’espadon, dont les habitats chevauchent souvent ceux des tortues de mer.
La balise de Darwin est équipée d’un capteur de pression qui recueille des données sur son comportement de plongée, en plus de sa localisation. Son comportement est conforme à ce que nous avons observé chez d’autres jeunes caouannes : Darwin reste le plus souvent dans les 5 premiers mètres sous l’océan, mais effectue parfois des plongées plus profondes. Nous espérons que, lorsque nous analyserons ces données plus en détail, nous en apprendrons davantage sur la façon dont ces plongées peuvent être liées à des facteurs environnementaux ou à d’autres comportements de la tortue caouanne.
Alors que les balises de Darwin, Archimède et Nicolas Copernic continuent à transmettre des données, un autre groupe de jeunes tortues caouannes réhabilitées à l’Aquarium de La Rochelle s’apprête à retrouver son milieu naturel, également avec des balises. L’augmentation de la taille des échantillons permet de générer des statistiques plus robustes et de développer des hypothèses plus solides. Nous pouvons ensuite intégrer des ensembles de données environnementales pour examiner les corrélations entre les mouvements horizontaux et verticaux des tortues et les facteurs environnementaux tels que la température de surface de la mer, la productivité ou les concentrations de chlorophylle, la vitesse des courants, la hauteur de la surface de la mer ou la bathymétrie. Les données de suivi et les analyses nous donnent un aperçu rare du temps que les tortues caouannes juvéniles passent à chercher de la nourriture et à grandir (jusqu’à 15 ans) en mer, ce que l’on appelle souvent leurs « années perdues », tant nous manquons d’informations sur cette période de leur vie. Nous utilisons ces informations pour calibrer divers modèles qui peuvent nous aider à prédire l’utilisation de l’habitat des tortues marines ou même les tendances de la population – des modèles qui visent à soutenir des efforts de conservation efficaces et ciblés.