Antarctique

Les nouvelles aires marines protégées ne verront pas le jour

Le 7 novembre 2019, pour la 8ème année consécutive, la Chine et la Russie ont rejeté un projet de création de 3 nouvelles aires marines protégées en Antarctique.

Il y a 10 ans, la CCAMLR* (Commission pour la conservation de la faune et la flore marines de l’Antarctique) avait pourtant fixé comme objectif de constituer avant 2030, un réseau d’aires marines protégées de 7 millions de km² autour de l’Antarctique.

Une première étape avait tout de même été franchie en 2016 avec la création d’un sanctuaire marin de 1,55 millions de km² en mer de Ross.

Aujourd’hui seul 5% de l’océan Austral est protégé.

 

*La (CCAMLR) a été établie en 1982 par une convention internationale dans l’objectif de conserver la vie marine en Antarctique. Il importait de faire face à l’intérêt commercial croissant suscité par le krill antarctique (l’une des principales ressources de l’écosystème de l’Antarctique) et la surexploitation de plusieurs autres ressources marines de l’océan Austral par le passé.

Le veto des grandes puissances

Les nouvelles données scientifiques mettant en lumière les ravages grandissants du réchauffement climatique sur l’écosystème antarctique déjà très fragilisé, n’ont pas réussi à convaincre la totalité des 25 pays membres de la CCAMLR.

L’expansion des sanctuaires marins est par conséquent fortement compromise dans la mesure où toutes les nouvelles propositions ont été rejetées par Moscou et Pékin, soucieux des conséquences d’une telle démarche sur leurs droits de pêche.

Cette décision pourrait également être motivée par la perspective d’une exploitation future des zones rendues accessibles par la fonte des glaces.

Outre les raisons économiques pouvant expliquer le refus de l’expansion des aires marines protégées, il est également question pour certains pays, d’affirmer leur hégémonie sur la scène internationale. Les États membres de la CCAMLR n’ont malheureusement aucune obligation d’accepter la création de sanctuaires marins en Antarctique. Ces derniers restent ainsi victimes de problématiques diplomatiques extérieures.

De nombreuses espèces en danger

La proposition de nouvelles aires protégées cible des zones marines où vivent manchots, phoques, baleines et légines australes, des espèces aujourd’hui fortement menacées par le dérèglement climatique. En effet, l’adoucissement des eaux lié à la fonte des glaces a des répercussions très négatives sur la biodiversité marine locale. Il impacte notamment le krill, une espèce située à la base de la chaîne alimentaire de l’océan austral.

 

Jeune phoque de Weddel (Leptonychotes weddellii) © Samuel Blanc

Pour l’instant, les populations de krill se déplacent vers des zones encore favorables, et les prédateurs suivent.

Mais pour combien de temps encore ?

De plus, compte-tenu des courants qui en partent, les mers australes alimentent également en krill des zones éloignées de l’Antarctique. En parallèle, cette fonte importante des glaces pose un grave problème territorial pour les individus endémiques. Par exemple, certaines espèces de manchots ont besoin des surfaces glacées pour couver leurs œufs et élever leurs petits. Si la glace fond, il leur faudra trouver refuge ailleurs…

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